Comment se chausser après une amputation ?

Découvrez l’histoire inspirante de Romain Abellan, footballeur amputé et entrepreneur, qui a transformé son handicap en force.

Dans ce podcast, il partage ses défis quotidiens, ses choix de chaussures adaptés, et son parcours exceptionnel au sein de l’Équipe de France de foot pour amputés.

Une leçon de vie et de résilience à ne pas manquer !

Ecouter le podcast :

Renaud - GDC : Bonjour à tous et à toutes, dans le monde du sport et de l'entrepreneuriat, certaines histoires transcendent les défis ordinaires.

Aujourd'hui, j'ai le privilège d'interviewer un ami de longue date, Romain Abellan, joueur de football amputé, gérant d'une entreprise de menuiserie à Béziers et invité sur le plateau de TPMP avec Cyril Hanouna.

Son parcours exceptionnel est une source d'inspiration pour tous ceux qui croient en la force de la résilience et de la passion.

Première question Romain, bon, déjà est ce que ça va ?

Romain ABELLAN : Je vais très bien, je suis en pleine forme aujourd'hui.

Renaud - GDC : Alors peux-tu nous parler de ton parcours avant ton amputation ? Tant sur le plan sportif que professionnel. Raconte-nous un peu ta vie en bref.

Romain ABELLAN : Bonjour tout le monde, moi c'est Romain Abellan, j'ai actuellement 36 ans et je suis Biterrois. Je suis né à Béziers et j'ai fait mon parcours sportif içi en tant que joueur, à l'ASBéziers.

Ensuite, à l'âge de 15 ans, je suis parti en centre de formation de football à Marseille pour essayer de faire une carrière de footballeur. Chose que malheureusement je n'ai pas réussi. Donc je suis revenu sur le Biterrois et j'ai travaillé avec mon père dans l'entreprise familiale de menuiserie.

Ensuite, j'ai enchaîné à côté de ça quelques petits boulots de vendeur de popcorn, de livreurs pizza... Puis je me suis lancé tout seul dans une aventure de bar à Béziers ou j'ai eu ça pendant une petite année durant laquelle je me suis régalé. Après j'ai enchaîné avec une boîte de nuit.

Par la suite j'ai eu un snack, puis un restaurant, donc j'ai fait pas mal de choses dans ma vie avant mon amputation.

Après j'ai décidé de reprendre l'entreprise de menuiserie de mon père, c'était seulement 3 mois avant que je décide de perdre ma jambe.

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Renaud - GDC : Après ton amputation, quels ont été les principaux défis que tu as dû surmonter dans ta vie quotidienne et professionnelle ?

Romain ABELLAN : Donc comme je l'ai dit juste avant, j'ai décidé de mon amputation 3 mois après avoir repris l'entreprise familiale, donc du coup ça a été une grosse remise en question de savoir si je devais la garder ou non vu ce qui allait m'arriver.

Je me suis mis un objectif, c'est de continuer dans mon idée, en développant l'entreprise familiale. À ce moment-là, je n'avais pas anticipé le côté sportif parce que je ne connaissais pas encore le football pour amputé. Donc j'ai continué mon train train avant mon amputation, j'allais visiter les clients en béquilles avec mon père et tout ça.

Et après mon amputation. Du coup, j'ai de suite investie dans l'entreprise familiale et j'ai construit un nouveau dépôt sur Villeneuve Lès Béziers.

Au niveau sportif, mon objectif c'était de faire la Coupe du monde de football pour amputés qui se déroulait 6 mois après ma sortie d'hôpital, chose que j'ai réussi à faire. Et du coup, derrière, j'ai enchaîné par une Ligue des Nations, une Ligue des champions, et j'ai finalement réussi à monter l'entreprise familiale, un nouveau dépôt et une maison où je vis actuellement sur Villeneuve Lès Béziers.

Renaud - GDC : Et c'est quoi qui t'a réellement motivé à reprendre le football après ton amputation ?

Romain ABELLAN : En fait j'ai perdu la jambe après une opération pour continuer à jouer au foot à 2 jambes, donc je l'ai perdu entre guillemets pour jouer au football.

Je me suis dit que ce n'est pas parce que je l'ai perdue que je ne peux pas continuer à jouer au foot.

J'ai fouillé sur les réseaux, j'ai trouvé ce sport qui est magnifique, le football pour amputés. Ma motivation, c'est que le football, c'est toute ma vie. Depuis que je marche, je joue au football.

Pour moi je savais faire que ça, donc c'était vraiment une obligation d'être performant dans ce sport et de pratiquer ce sport.

Renaud - GDC : OK, très clair. Quelles sont les difficultés spécifiques que tu rencontres pour trouver des chaussures adaptées à ta prothèse et à tes besoins en tant qu'amputé ?

Romain ABELLAN : La difficulté c'est au niveau des semelles pour ma part. Chaque chaussure a un type de semelles, qu'elles soient à mémoire de forme ou pas.

Moi je sais que j'ai une particularité c'est que je n'aime pas forcément les semelles à mémoire de forme.

J'aime les semelles on va dire standards, et nous n'achetons pas des chaussures comme si on était valides, on les essaye réellement, on marche avec, et on voit si ça nous déclenches ou pas des douleurs particulières, et si ça ne nous gêne pas sur la marche, parce que le réglage de prothèse ne se fait pas avec un tournevis ou un WD-40 donc du coup il faut aller voir le prothésiste, etc...

Donc pour éviter tout ça quand on choisit une paire de chaussures, je pense qu'on est encore plus minutieux qu'une personne valide.

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Renaud - GDC : Et du coup, tu as des marques ou des modèles de chaussures qui te conviennent particulièrement ?

Romain ABELLAN : En crampons je suis Adidas et en paire de baskets j'aime marcher un peu tous les jours, je suis plus sur le côté Asics.

"Il faut garder le pied sur Terre"

Renaud - GDC : Du coup c'est très bien, tu pourras trouver ton bonheur chez GDC 

Romain ABELLAN : C'est impeccable ça !

Renaud - GDC : Selon toi, comment des boutiques comme GDC pourraient aider les personnes amputées à trouver des solutions de chaussage adaptées ou plus simples quotidiens ?

Romain ABELLAN : L'idée serait peut-être de faire essayer certains modèles à des personnes comme moi, afin de donner un ressenti et le préciser dans les informations produits, les descriptions, expliquer que ça a été essayé par telle et telle type de personne handicapée.

Ainsi, une personne en situation de handicap pourra s'identifier et se diriger plus facilement vers certains modèles reconnus et validés.

Surtout que se chausser et se déchausser en tant qu'amputés est plus long que pour un valide, se serait donc une bonne idée.

Renaud - GDC : Est-ce que tu pourrais nous partager des anecdotes ou des situations inattendues liées à ton expérience avec les chaussures que des personnes valides ne pourraient pas soupçonner ?

Romain ABELLAN : Déjà je ne sens pas des pieds.

Renaud - GDC : Ça pourrait être bénéfique pour certains je pense...

Romain ABELLAN : Enfin du pied, pardon...

Mais des situations particulière, oui, parfois je m'amuse avec mon pied !

Quand on est amputé fémoral comme moi, on peut faire un tour complet avec notre jambe, on peut tourner le pied dans différents angles, on peut même poser un verre sur notre pied sans avoir le moindre souci donc il y a pas mal de situations ou on en rigole, ou c'est vrai que les personnes valides ne seront pas capables de, je pense, faire un tour avec leur pied. 

Renaud - GDC : Dernièrement t'es apparu dans l'émission de TPMP avec Cyril Hanouna qui a touché pas mal de spectateurs, je voulais savoir qu'est ce qui t'a poussé à partager ton histoire sur ce plateau en particulier ?

Romain ABELLAN : J'ai voulu réagir directement, je suis sorti de l'hôpital le 10 mars.

En octobre, juste après, j'ai fait une Coupe du monde, j'ai évolué dans l'entreprise familiale et je me dis que c'est important de montrer aux personnes en situation de handicap que l'handicap n'arrête pas l'évolution dans la vie, et que l'on peut arriver à faire plein de choses malgré le handicap.

Donc je pense que c'est une émission qui est vachement regardée. Elle est aimée ou pas, mais même ceux qui n’aiment pas, je suis sûr qu'ils regardent les vidéos, les choses sur les réseaux.

Donc je pense que c'était un bon compromis pour montrer aux gens que malgré tout, j'ai réussi à rester fort, que je ne suis pas le seul à être fort, et que surtout ça peut donner de la force à d'autres.

Renaud - GDC : En tant qu'entrepreneur et athlète, comment perçois tu l'importance de l'inclusion dans le sport et le monde professionnel ?

Romain ABELLAN : : Vu que nous ne sommes pas des professionnels sportifs, on peut avoir une vie à côté. Je pense que c'est important de garder le monde du travail même si des fois je suis en Italie, je signe des autographes à des enfants, je fais des conférences... Mais il faut garder le pied sur terre, et se dire que le sport c'est quelque chose d'important, c'est une thérapie. Mais le monde du travail, c'est aussi important, et nous permet de montrer que l'on peut être entrepreneur et handicapé.

Renaud - GDC :Je comprends. Connais-tu notre groupe GDC anciennement chauss 34, est ce que tu as déjà acheté des chaussures chez nous ?

Romain ABELLAN : Oui, je connais, il y'en a un qui n’est pas très loin d'où je vis. J'achetais plus sur Internet.

Renaud - GDC : OK, mais sur notre site au moins ?

Romain ABELLAN : Oui bien sur ! Sur votre site.

Renaud - GDC : Quelles solutions ou innovations aimerais tu voir développer pour faciliter le quotidien des personnes amputées en matière de chaussage ? Si tu as des idées bien sûr.

Romain ABELLAN : Je l'ai dit un petit peu tout à l'heure, sur le côté informatif il pourrait y'avoir + de précisions.

Rien qu'être en situation de handicap tibial ou fémoral, sont 2 choses différentes.

Un fémoral ne marche pas comme un tibial parce que le tibial a son genou, moi je ne l’ai pas.

Donc on n'a pas les mêmes appuis, on n'a pas les mêmes choses.

Ca peut être sympa de pouvoir essayer les paires de chaussures et dans la description, vu qu'il y a toujours une petite description, ajouter une notification du type : "celle-là a été essayée par un fémoral" ou peu importe, mais ça peut aider une personne en situation handicap à choisir sa paire de chaussures.

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Renaud - GDC : Je voudrais savoir quel message tu souhaites transmettre à ceux qui font face à des défis similaires, que ce soit une amputation ou autre, un handicap de ce genre tant dans le sport que dans la vie professionnelle.

Romain ABELLAN : Ce que je peux transmettre, c'est que dans la vie rien n'est fini et que même avec un handicap il faut continuer de rêver.

Je pense que rêver ça fait partie de la vie, et se donner des défis et des objectifs est extrêmement important.

Une personne en situation d'handicap qui n'a pas d'objectif ou se renferme sur elle-même, c'est là où elle est mal. La vie est courte, il faut profiter. Il y a certaines personnes à qui on annonce qu'elles n'ont plus que 6 mois à vivre.

Nous on est en situation d'handicap certes, mais on a toute la vie devant nous pour pouvoir faire des projets sportivement ou professionnellement. Et dans le sport, ce qui est bien c'est qu'il y'a tellement de sports différents qui sont adaptés pour n'importe quelle situation.

En situation d'handicap, on peut jouer en fauteuil, on peut jouer comme moi en béquille, on peut courir avec des lames, le mec qui a un bras en moins, il peut faire ce qu'il veut.

On a vu les paralympiques n’y a pas longtemps, on a vu toutes sortes de d'handicaps et c'est la preuve que les personnes en situation de handicap sportif sont des personnes normales, et sont surtout des athlètes de haut niveau, comme un athlète à 2 jambes ou à 2 bras.

Je pense que l'on devrait être beaucoup plus considérés comme des athlètes autant que les personnes valides.

Renaud - GDC : Merci beaucoup. En conclusion, ton histoire est un puissant témoignage de courage, de détermination et d'adaptabilité. Chez GDC nous sommes honorés de partager ton parcours qui incarne parfaitement nos valeurs d'inclusion, de persévérance et d'inspiration. Merci Romain, merci de nous rappeler que chaque défi peut être transformé en une opportunité de grandir et d'inspirer les autres. Est-ce que tu aurais un dernier mot à ajouter ?

Romain ABELLAN : En tout cas merci, merci de ce super interview et j'espère que ça sera vu autant que TPMP, que beaucoup de personnes en situation de handicap puisse le voir et que ça pourra aider les gens.

Renaud - GDC : Encore merci à toi.

L’histoire de Romain Abellan est une véritable leçon de résilience, de détermination et d’adaptation. Que ce soit sur les terrains de football avec l’Équipe de France de foot amputé, dans son rôle d’entrepreneur, ou dans ses choix quotidiens, il illustre avec brio comment transformer une épreuve de vie en force.

Son témoignage nous rappelle que chaque défi, aussi grand soit-il, peut être surmonté avec courage et ambition.

Merci à Romain pour cette inspiration ! Et vous, qu’avez-vous retenu de ce parcours ? Partagez vos impressions en commentaire !

Et pour retrouver le podcast sur notre chaîne Youtube, c'est par ici !!!

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